lundi 14 janvier 2008

Dialogue interreligieux : nécessaire, difficile et enrichissant



Vu les remarques sur mes précédents propos, il me paraît opportun de situer le débat à notre époque. Je passerai outre l'évolution de la pensée de l'Eglise sur notre sujet. Pourrons-nous peut-être y revenir une prochaine fois.

Le dialogue interreligieux est nécessaire dans un milieu multireligieux tel que le nôtre. Certes, le contexte multireligieux n’est pas franchement une nouveauté. Mais, à notre époque, le contexte multireligieux est lié aussi à d’autres contextes dit « multi » par exemple multiculturel. En tout cas, il est beaucoup plus ancré dans les mentalités de telle sorte qu’il se reflète à travers diverses expressions très répandues « on n’a plus de valeurs » (En fait, ce n’est pas qu’il n’y a plus de valeurs, mais c’est parce que nous voyons que nos contemporains vivent et fondent leur vie sur des échelles de valeurs nombreuses et très diverses !). Le dialogue interreligieux touche à ce qui est fondamental pour l’homme et son existence. Si ce dialogue est nécessaire, il faut bien admettre qu’il est difficile.

D’ailleurs voici deux tendances extrêmes dans lesquelles il ne faut pas tomber :
(les déviances ici exprimées sont situées par rapport à un point de vue chrétien. Selon la religion considérée, d’autres déviances peuvent être évoquées)


- la première est de ne pas dialoguer avec les croyants d’autres religions si ce n'est uniquement pour leur apporter notre propre point de vue et qu'ils le suivent. La théologie sous jacente est de donner à la spécificité de la place unique du Christ un caractère exclusif et de considérer que le chrétien a la vérité de par sa foi. En gros, « Je crois en Dieu, révélé par le Christ. C’est Celui-là le vrai ! Les autres sont de toute façon dans l'erreur. Vivons dans notre coin et allons voir les autres uniquement pour les convertir ». C'est la façon de penser des intégristes. D'autres groupes peuvent être animés de cette même pensée.

- la seconde consiste à rechercher uniquement ce que nous (croyants des différentes religions) avons en commun. D’ailleurs, l’Esprit saint souffle aussi bien dans l’Eglise que dans les autres religions puisqu’il y a du bien dans celles-ci. L’idée sous jacente est de considérer que, pour un chrétien, la foi au Christ est à mettre de côté dans sa réflexion pour un dialogue interreligieux. Cette tendance vient d’un relativisme, très fréquent à notre époque. Il n'est pas mis en évidence par un groupe clairement défini. Mais il est très présent.

La difficulté est justement de ne pas tomber dans l’un des deux. Il faut tenir à la fois la place unique du Christ, dont l’Eglise (c’est à dire les chrétiens) confesse et à la fois l’Esprit qui est présent dans les autres religions et agit dans leur coeur (et même au cœur de tout homme).

C’est pourquoi une richesse de cette rencontre avec des croyants d’une autre religion est de découvrir que l’autre croyant, par sa foi authentique, par sa vie de prière et par sa manière de vie, nous invite à nous convertir à l’intérieur même de notre propre religion. De plus, cela permet de connaître les points communs que nous avons en tant que croyant, si peu mis en avant mais pourtant bel et bien présent. Ce n’est que quelques-unes des richesses parmi toutes celles qui animent tous ceux qui s’engagent régulièrement. A nous, dans notre vie, d’allonger cette liste des richesses de ce dialogue interreligieux

jeudi 3 janvier 2008

BONNE ANNEE !

Je vous souhaite à tous
une bonne et heureuse année 2008 !

lundi 26 novembre 2007

La Bible comme source et modèle du rapport aux autres religions pour les chrétiens




Avant de nous plonger dans les différentes positions du rapport entre la révélation chrétienne et les autres religions à travers l'histoire, ( un passé souvent perçu comme étant lourd et n'apportant aucun apport bénéfique pour nous aujourd'hui... Pour certains, c'est même la cause des guerres passées et actuelles) , il m'a paru intéressant d'observer cette relation dans la Bible, plus exactement dans le Nouveau Testament. D'ailleurs, commencer par la Bible permet de faire la transition avec tout ce que nous avons déjà vu dans le blog. Entendons nous : nous nous plaçons ici non pas sur un plan historique, mais sur un plan théologique, même si celui-ci peut s'appuyer sur des expériences historiques vécues.
NB : je tiens à rappeler que vous pouvez toujours réagir à des anciens messages écrits sur ce blog.

La semaine dernière, lors d'un cours théologie, je me suis souvenu d'une phrase d'un prof d'histoire que j'ai eu il y a déjà plusieurs années de cela. Il nous avait dit (sous la forme d'une plaisanterie mais tout en faisant part de sa pensée) :
"Je ne sais pas pourquoi on nous parle aujourd'hui de dialogues interreligieux. Dans la Bible, cela n'existe pas!"
Sans réussir à le contredire à ce moment là, j'ai gardé cette phrase en mémoire.

Entendons nous : je parle ici de dialogues interreligieux c'est à dire un débat entre au moins deux personnes de religions différentes, avec une reconnaissance et un respect mutuel( ou au pire d'une des deux ), sans volonté de convertir et sans tomber dans l'apologétique (apologétique : (en gros) rechercher à défendre sa foi et attaquer l'autre sur les faiblesses ou incohérences de la sienne).



A première vue, on pourrait croire que l'affirmation ci-dessus (écrite en vert) est vraie. Je ne vais pas faire un inventaire des textes soutenant cette position sachant qu'une bonne partie des lecteurs n'est pas familiarisée avec la Bible ; les initiés sauront à quels passages je fais allusion. Encourager à aller dans tous les pays pour qu'ils connaissent le Christ et les baptiser par la suite, considérer les autres religions comme païennes et surtout "n'étant rien" par rapport à la sienne, pourraient être perçus comme un appui scripturaire à l'affirmation qui nous pose question (celle écrite en vert)...


Mais, en fait, il en est rien! Tout d'abord, Jésus Christ, tout en vivant selon les coutumes juives de son temps, a souvent mis en exergue les personnes ayant d'autres confessions religieuses : par exemple la parabole, assez connue, du bon samaritain. Bien plus, il a mis en évidence leur foi et les a donné comme exemple à suivre à ces auditeurs (et à nous lecteurs de la Bible) ! Il a dit aux juifs qui l'entouraient à propos d'un centurion romain (alors qu'Israël était sous occupation romaine!) : "En Israël je n'ai pas vu une telle foi"(Pour rendre compte du caractère inouï des propos rapportés voici d'autres événements de même ordre : imaginez vous un prêtre catholique aux Etats-Unis un lendemain du 11 septembre prêcher une homélie en évoquant comment la foi et la prière d'un musulman a été pour lui un modèle pour sa prière personnelle ! Ou encore, imaginez vous encore un imam en Palestine dire, après des attaques israéliennes, après avoir dirigé la prière, comment un juif a été pour lui un modèle de foi pour sa vie spirituelle personnelle!)



De même, Pierre, et d'autres apôtres, Paul, Barnabbé et d'autres encore ont eux aussi vécu cette expérience à leur niveau dans les différents pays qu'ils ont parcourus.
Malgré un contexte différent, nous sommes nous aussi invités à faire de même, sans tomber dans un relativisme ("toutes les religions se valent") ou une marginalisation du statut unique et universelle du Christ. Mais tout cela nous le verrons une prochaine fois...